VIE LITURGIQUE ET COMMUNAUTAIRE

Dans notre paroisse Saint-Pierre, la liturgie a toujours été un élément moteur de la communauté.

Depuis plus de 60 ans, une chorale anime les chants aux grands moments de l'année liturgique.

Chaque week-end,
•  des animateurs de chants et des choristes, (voir chorales )
•  des psalmistes et des lecteurs, (voir Informations Pratiques )
•  des instrumentistes sont là : organistes (David Selmeci et Christian Nicolas) ou guitaristes (Annick Malengreau, Frédéric Möller et Marie-Anne Feuillat).
•  une équipe assure la décoration florale de l'église et l'entretien des ornements et des objets du culte (voir Informations Pratiques ).
•  un autre groupe prépare chaque semaine les intentions de prières.

Tous accompagnent le célébrant. Avec lui, et avec toute l'Assemblée, ils sont les interprètes de la Parole.

Les messes « domestiques » célébrées dans une maison particulière, au coeur d'un quartier sont aussi le signe d'une Eglise qui va vers les gens et partage leurs préoccupations. (voir Une liturgie de proximité : les messes dans les familles )

La liturgie, c'est la prière de la communauté.
Elle nous relie aux racines de la foi et constitue aussi le chemin le plus authentique de la prière à condition, bien entendu, d'être incarnée dans la vie et de ne pas se contenter d'être un rite formaliste ou un ressassement nostalgique.

La liturgie sensibilise les chrétiens et nourrit leur prière. Mais il arrive aussi qu'elle décoiffe, pose des questions, interpelle la société… C'est une liturgie qui tente de s'adapter à son temps, aux jeunes, avec des symboles qui parlent ; une liturgie où les gens se sentent impliqués et non réduits à être des consommateurs passifs…

Depuis le Concile Vatican II, la Constitution sur la Liturgie " Sacrosanctum concilium " a ouvert des chemins nouveaux.

  1. Elle rend au chant de l'Assemblée sa place essentielle et demande une participation active de tout le peuple chrétien, participation où l'on favorisera les acclamations du peuple, les répons, le chant des psaumes… (n° 11-14-21-113-114-118-121)
  2. Elle reconnaît la diversité des rites et demande de cultiver et développer cette diversité comme une richesse. Elle redonne aux coutumes de chaque région son droit de cité. (n° 4-37-38)
  3. Elle donne à chaque Eglise locale le droit de statuer, de prendre un certain nombre de décisions concrètes sur l'application des règles et de permettre des expériences pilotes (principe de la collégialité). Le Concile décentralise donc les pouvoirs et reconnaît une plus grande autonomie aux évêques et aux diocèses de par le monde. (n° 22-36-37-38-40)
  4. Elle permet, dans la liturgie, l'emploi de la langue du pays et en juge l'usage très utile pour le peuple. (n° 36-54-63)
  5. Elle recommande une révision des rites afin de les rendre plus accessibles à l'homme d'aujourd'hui.
  6. Elle réintroduit certaines pratiques telles que :

    •  la prière des fidèles, (ou prière universelle) (n°53) –
    •  la communion sous les 2 espèces (n°55) –
    •  la concélébration, comme signe d'unité (n°57), …

  7. Elle donne aux instruments de musique, aux musiques de chaque peuple, aux chorales et aux autres arts une place de choix pourvu qu'ils soient en connexion avec l'action liturgique. (n° 114-116-119-120-121)

Dans la liturgie, les chants ont une fonction bien précise et le Concile demande qu'on la respecte.

- Les acclamations comme l'alleluia, le sanctus, l'anamnèse sont des chants qui appartiennent à l'assemblée. De même que les " chorals ", les hymnes, telle que le Gloria. Si on ne chante pas ça, on se condamne à une morne récitation et le rôle primitif de ces chants est dévalué.
- Certains chants accompagnent une procession ou un rite liturgique comme le chant d'Ouverture, l'Offrande, la Communion. Ici, un refrain chanté par l'assemblée alterne avec les couplets d'un soliste ou d'une schola.
- Il y a aussi les litanies comme le Kyrie ainsi que l'Agneau de Dieu. Celui-ci accompagne simplement le geste de la fraction du pain.
- Le psaume responsorial doit se distinguer des autres lectures par son caractère lyrique et poétique et par sa forme dialoguée entre le psalmiste et l'assemblée.

Chacun de ces moments liturgiques doit être traité selon ses caractères propres. On ne se contentera pas de passer tous les chants dans le même moule !

Le Concile Vatican II a déclanché un formidable mouvement de rénovation. Des personnalités de premier plan nourrissent la réflexion théologique et pastorale. Des musiciens chevronnés, des poètes, des artistes participent à la création. On a encore en mémoire les noms

•  de théologiens comme les Pères Yves Congar, Karl Rahner et le Père Dingemans,
•  d'exégètes comme Lucien Cerfaux (UCL),
•  de philosophes comme Jean Guitton (laïc observateur au Concile),
•  de musiciens comme Joseph Gelineau et Jacques Berthier,
•  de paroliers comme Didier Rimaud et Patrice de la Tour du Pin.

Des tensions parfois très fortes naîtront entre ceux qui veulent le progrès et les conservateurs. Tout le monde se souvient de Mgr Lefèbvre et de ses adeptes. Certains nostalgiques rêvent de messes en latin où le prêtre célébrait dos au peuple…
Dans l'histoire de l'église chrétienne, les décisions prises par les conciles, les changements qu'ils ont amenés dans l'organisation de l'institution et de la liturgie, ont toujours mis du temps à s'inscrire dans les moeurs. Après chaque concile, il y a eu des récalcitrants, rejetant en tout ou en partie les déclarations conciliaires.

Le premier concile oecuménique, celui de NICÉE en 325, a mis au moins cinquante années pour être vraiment accepté.
Même chose pour le concile de CALCÉDOINE en 451. Il a été considéré pendant presque cent ans comme un "concile maudit".
Les traditionalistes actuels oublient, qu'il n'y a hélas, rien de plus traditionnel, après un concile, qu'un schisme ouvert par la poignée de ceux et celles qui le refusent.
Ce fut encore le cas pour le concile "Vatican  I" avec les "Vieux catholiques" qui refusèrent la définition de l'infaillibilité pontificale.

Nous sortons de la célébration du 40e anniversaire du concile Vatican II et voilà que certains se demandent si l'on ne va pas revenir à la liturgie d'avant Vatican II ; de quoi jeter le trouble et le découragement.
Dans la résistance actuelle de certains à Vatican II, il y a au moins deux éléments distincts : la liturgie et une idéologie conservatrice opérant un énorme contresens sur la signification du mot "tradition".
Pour la liturgie, il est sûr que l'affectivité religieuse de certains a été choquée, quand le concile les a privés des rites et d'une langue dans lesquels ils avaient investi leur foi, leur piété et leur sensibilité.
Mais, la messe "face au peuple" exprime tout aussi correctement l'invitation de Jésus à "faire mémoire" du don libre qu'il fit de sa vie, pour toutes et tous.
L'authentique tradition est transmission vivante de la foi, depuis les apôtres, à travers les temps, les cultures, et jusqu'à nous.
Et dans cette transmission, il y a la foi infaillible du peuple de Dieu (sensum fidei) et la vigilance doctrinale du Magistère, c-à-d, la tâche d'enseignement des évêques et du pape telle qu'elle a été confiée par le Christ aux Apôtres, (Mt 16, 18-19).
La tradition vraie est faite de continuité et d'inventivité ; elle n'est pas répétition immobile, genre « parole de perroquet ».

Dans son allocution d'ouverture du Concile Vatican II, le 11 octobre 1962, Jean XXIII annonçait clairement ses vues prophétiques : " Notre devoir n'est pas seulement de garder ce précieux trésor comme si nous n'avions souci que du passé, mais de nous consacrer, résolument et sans crainte, à l'oeuvre que réclame notre époque, poursuivant ainsi le chemin que l'Eglise parcourt depuis vingt siècles ".

L e Concile Vatican II a ouvert une porte qui ne se refermera jamais…

Aujourd'hui, on supporte difficilement des célébrations où tout est dit sur un ton monocorde, où tout est chanté avec les mêmes rengaines, où tout est lu et chanté par les mêmes acteurs. C'est quelque chose qui n'a ni goût, ni grâce, ni couleur, ni rythme. Nous aspirons plutôt à des célébrations qui soient porteuses de sens et nourrissent l'intériorité.
Copier le passé ne suffit pas. Chaque époque doit réinventer, selon sa culture, des gestes liturgiques qui invitent l'assemblée à transcender les frontières, les conflits et qui ouvrent, par le chant et la musique, à la jeunesse du coeur.
La célébration est porteuse d'un langage et d'un ensemble de symboles qui conduisent au-delà de nous-mêmes, donnent à la vie les dimensions illimitées de l'espérance, et rendent visible l'Invisible.
Le pluralisme des cultures, les bruits et les voix du monde contemporain créent en nous la " fusion " d'une foule d'images et de concepts. Tout cela ne vient pas brouiller notre culture, mais lui apporte un rajeunissement et rend possible des formes nouvelles d'expression.
Le concile a ouvert la voie vers ce type de démarche. A nous de lui donner un élan nouveau dans un langage qui parle à la sensibilité et aux aspirations des femmes et des hommes d'aujourd'hui dans un souci d'universalité.